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Le blog des Mines de Couleurs
1 décembre 2007

Un article abordant les choix de la municipalité

Cet article est issu du site internet de Libé Lyon, le 14/02/2008, il aborde les choix de la municipalité en terme de culture, d'aménagement, d'urbanisme et ... du jaune des murs stéphanois. A votre jugement, comme de coutume ... (le sondage sur les couleurs de Saint-Etienne est toujours disponible sur ce site, profitez-en pour vous exprimer)

La culture ouvrière en chantier

MUNICIPALES - Michel Thiollière est un homme apaisant. Le maire UMP de Saint-Etienne (Loire) se montre toujours courtois, lève rarement la voix, et reconnaît volontiers ses erreurs. Ste07 Il se présente dans moins d’un mois devant les électeurs avec une vraie incertitude. Vont-ils valider la stratégie de rupture qu’il a choisie pour sa ville depuis sept ans. Une transformation radicale, avec des chantiers à marche forcée, et un renouvellement de l’image, au détriment des questions de proximité...

Michel Thiollière est un homme apaisant. Le maire UMP de Saint-Etienne (Loire) se montre toujours courtois, lève rarement la voix, et reconnaît volontiers ses erreurs. Il se présente dans moins d’un mois devant les électeurs avec une vraie incertitude. Vont-ils valider la stratégie de rupture qu’il a choisie pour sa ville depuis sept ans. Une transformation radicale, avec des chantiers à marche forcée, et un renouvellement de l’image, au détriment des questions de proximité.

Depuis 2001, les grues ont envahi l’ancienne cité ouvrière. Une deuxième ligne de tramway traverse désormais le centre-ville. Une cité internationale du design ouvrira à la fin de l’année. Un Zénith en octobre. Puis une vaste zone tertiaire doit sortir de terre près de la gare TGV. Pour tous ces édifices, l’équipe en place a fait appel à des architectes renommés. Pour changer l’image de Saint-Etienne, passer d’une ville industrielle et poussiéreuse à une agglomération phare en matière de design. Thiollière veut que sa ville redevienne attractive. Que des entreprises, attirées par cette dynamique, profitent du TGV et de la future autoroute qui devrait relier la ville à Lyon d’ici à 2015.

Ses adversaires ne contestent pas forcément les choix stratégiques qu’il a faits. Mais leur brutalité, et leur coût. «On pouvait avoir un ou deux chantiers avec des architectes emblématiques, mais pas 7 ou 8, dit ainsi Maurice Vincent, président du groupe socialiste à la mairie, et principal candidat d’opposition. Il fallait adapter la ville, mais il s’est laissé emporter dans une démesure.» Le socialiste dénonce la destruction d’une partie de l’ancienne Manufacture d’armes historique pour bâtir la cité du design. «Cela signifiait très clairement qu’il rasait le passé. Dans une ville ouvrière où l’on n’aime pas gâcher, c’est très mal passé.» Gilles Artigues, candidat du Modem opine: «Il avance en arrachant nos racines, notre culture.»

Pour envoyer à l’extérieur le signal que Saint-Etienne bougeait, le maire a parfois bousculé ses habitants. En 2005, une grande fête, les Transurbaines, célébrait les transformations. Pour l’occasion, l’un des concepteurs s’était mis en tête de repeindre la ville en jaune. Une vraie secousse culturelle dans une ville où les anciennes gueules noires ont transféré toute leur fierté dans les couleurs vertes d’un club de football. «Pour nous, le jaune, c’était la couleur du traître, du syndicaliste vendu», lâche Maurice Vincent, fils de mineur et universitaire.

Spécialiste d’économie, le socialiste tient un discours alarmant sur les finances municipales. Les grands projets auraient largement dépassé les prévisions, le Zénith coûtant 40 millions d’euros, et la cité du design autant. «Du coup, poursuit Vincent, l’endettement atteint 2900 euros par habitant.» Michel Thiollière répond que la dette est surtout l’héritage des déséquilibres industriels du XXe siècle. Pour ses grands projets, il a récupéré des subventions de l’Europe, de l’Etat, de la région et du département. La moitié de la cité du design a ainsi été payée, le solde étant réglé par la communauté d’agglomération. Le maire assure aussi que la dette de la ville a baissé de 32 millions d’euros durant son mandat. Mais celle de Saint-Etienne Métropole est passée de 40 à 240 millions, rétorquent ses adversaires.

Le maire ne s’inquiète pas trop. La ville possède de vastes réserves immobilières, et elle n’a pas augmenté les impôts. Il pense que les habitants perçoivent chaque jour les transformations expliquant cette dette. Mais les grands travaux ont-ils suffisamment changé la vie des Stéphanois? La fierté d’une image renouvelée suffira-t-elle à faire réélire le maire ? Son adversaire socialiste pronostique que non: «Ce qui risque en revanche de lui coûter très cher, ce sont les services à la population. Il y a un écart incroyable entre la qualité et la rapidité des grands projets, et tout ce qui est vie quotidienne.» Le constat est unanime. La propreté, la voirie, l’éclairage: le bilan n’est pas bon. Ce qui permet à la gauche d’éreinter au passage le candidat du Modem, qui était adjoint à l’espace public dans le dernier mandat. «Mes budgets ne me permettaient pas de remettre à niveau les équipements, répond ce dernier. On me les a baissés pour assurer la communication du maire et les réceptions.» Avant sa démission, en novembre, il a cependant toujours voté les budgets, et son groupe a continué en décembre.

La ville a également accumulé de nombreux retards en matière de logement. Dès que l’on s’éloigne des lignes de tramway, de véritables taudis subsistent. La population continue par ailleurs de vieillir, et il reste difficile d’attirer de nouveaux habitants et des entreprises tant les logements adaptés manquent. «Les grands projets sont en place, nous allons maintenant régler le quotidien. Un établissement public d’aménagement va permettre de construire 7500 logements», promet le maire. Mais il ajoute aussitôt: «Je sais bien que ce n’est pas la tendance actuelle, mais pour moi la vie d’une ville, ce n’est pas que la vie quotidienne. C’est aussi l’avenir, décider où l’on veut aller ensemble.»

Pour l’opposition, l’absence de stratégie économique hypothèque cet avenir commun, la délégation ayant été diluée entre plusieurs élus, sans pilote. «Ce n’est pas faux, répond Michel Thiollière, mais il faut ajouter que le chômage est passé de 15% à 8% en une dizaine d’années. Pour le prochain mandat, j’ai prévu la création d’une agence de développement économique de la Loire-Sud. Il fallait d’abord rendre cette ville attractive. C’était un mandat de transition L’expression fait bondir Maurice Vincent: «Michel Thiollière a été adjoint à l’urbanisme pendant onze ans puis maire depuis 1994. Ça fait une sacré transition, dites donc !»

Le sortant répond qu’il «porte un projet de long terme, qui dépasse la durée de vie d’un mandat». Comme pour se rassurer, il ajoute: «Les gens voient bien où je veux aller pour transformer la ville.» Les électeurs répondront dans moins d’un mois.
Ol.B.

Photo : Sébastien Erome

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